Ma démarche intuitive de création florale

Certains bouquets, je les imagine des jours en avance. Je fais le tour du jardin le matin et le décor se transforme en palette de peintre. Avec qui vais-je créer cette semaine? Qui sera la vedette du bouquet de la mariée?
Ma démarche de création florale est très intuitive. C’est pour ça que j’ai longtemps hésité à donner des cours de création de bouquets. J’avais l’impression que c’était tellement personnel que je ne pouvais rien transmettre aux autres. Surtout, ma manière de fonctionner était directement liée à mon jardin – mon inspiration venait de ce qui m’entourait. Alors, comment l’expliquer à d’autres qui n’ont pas le même environnement?

Cependant, je précise que j’ai quand même suivi des cours de création de bouquets et appris la technique de base. Vous pouvez trouver des conseils plus techniques dans cet article. C’est important d’avoir une base rationnelle pour pouvoir être à jouer différemment avec les fleurs. La technique donne confiance en son art.
Aujourd’hui, j’avais envie de vous parler justement de ma démarche plus intuitive.
Le jardin nourrit ma créativité
Tout part de la nature qui m’entoure. Lorsque je fais le tour du jardin, le matin, je pense au mariage de la semaine et aux diverses commandes spéciales. Chaque fleur me regarde et me supplie de toutes les forces de ces pétales : est-ce que je suis assez belle pour remporter le casting, cette fois-ci? Il y a les parfaites, celles qui savent déjà qu’elles auront toujours les premiers rôles – les renoncules, les tulipes doubles, les pivoines, les dahlias, les lisianthus…

Et puis, il y a plus mignonnes, habituées aux seconds rôles – les cosmos, la camomille, l’orlaya, les centaurées, les marguerites, l’astilbe… Elles s’en contentent et sont heureuses d’apporter du mouvement et de la texture. Les vedettes, elles sont là pour briller, on leur demande moins de personnalité. Parfois je me lâche lousse et je crée un bouquet avec juste des fleurs secondaires, tout en douceur et en originalité. Mais c’est rarement ce genre de créations qu’on me demande. On veut des fleurs centrales pour apposer le regard.

Du jardin à l’atelier
Lorsqu’on est rendu jeudi, jour principal de la cueillette, je sais déjà quelles fleurs je veux. Je suis fébrile, j’ai hâte de commencer et de vérifier si je vais pouvoir créer ce que j’ai imaginé.
Une fois dans l’atelier, je dispose toutes ces merveilles sur ma table en retirant délicatement le feuillage pour mieux faire ressortir leur beauté. Puis, ça va vite, ça s’enchaîne. J’ai matérialisé ce bouquet dans ma tête depuis tellement de jours que je réfléchis à peine. Chaque fleur s’imbrique pour créer encore plus de magie. Je ne veux pas que ça soit lisse et droit. Je cherche l’imperfection parfaite de la nature.
L’imperfection : concept subjectif inventé par l’homme. La nature n’est pas carrée. Les fleurs sont irrégulières, perdues dans du feuillage, des graminées, des vieilles branches. Tout le monde est de hauteur différente. Il y a des petites, des boules, des étoiles, des pétales mangés, des tiges de travers. L’important est que tout le monde s’amuse.

Lâcher prise – laisser les fleurs décider
Le bouquet prend forme dans mes mains, sans que j’aie de véritables volontés. Les fleurs décident à ma place, je ne fais que leur donner l’assise pour s’épanouir. Pourquoi vouloir contrôler la beauté de la nature? J’ai choisi les fleurs, mais je ne peux que superviser la création de la symphonie. Bien sûr, parfois, je n’aime pas comment une fleur se place. Mais je ne m’obstine jamais, j’en prends une autre au lieu de forcer un mouvement.
Lorsque je suis en mode « fermière » et que je cultive mes fleurs, je suis dans le contrôle absolu. Je gère tout au détail près. Ce sont de longs mois de travail avant d’avoir le résultat – tant d’investissement! – et je ne peux pas permettre d’échouer. Par contre, dans mon atelier, je ne suis plus que la disciple du feuillage et des fleurs qui décident à ma place.

Une fois que l’ensemble est agencé avec sens, mais un sens qui serait différent pour tout créateur, je le tourne, je m’assure que chaque fleur à sa place pour briller, je vérifie une dernière fois tous les angles dans le miroir. J’ajoute une fleur de plus au besoin. Je coupe un bout de feuillage de trop.
Puis, j’ajoute délicatement le ruban de soie. Finalement, la pièce maîtresse est terminée. Je tiens dans mes mains le bouquet principal de la semaine. J’imagine la mariée tenant de façon négligée ce bouquet qui donnera tout son poids à son émouvante déclaration d’amour.
J’adore mon travail.

Situé à Magog, dans les Cantons-de-l’Est, Alex à la campagne est un atelier floral spécialisé en créations pour les mariages et événements. Fleuriste non conventionnelle, le design floral est notre vecteur principal. Notre force? Créer des arrangements élaborés, naturels et harmonieux. La signature visuelle des bouquets est toujours inspirée par le mouvement de la nature et la beauté des saisons du Québec. À la tête de l’atelier et de la ferme florale, il y a Alexandra Truchot, grande amoureuse des fleurs. Apprenez-en plus sur nos services juste ici.