Vie d’entrepreneure : Bilan de la saison 2020

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J’ai l’impression qu’hier encore, je cueillais des tulipes. Pourtant, la saison 2020 de fleurs locales est maintenant terminée. Pour l’atelier floral, le travail continue, il reste encore de beaux mois à jouer avec les fleurs séchées et le sapinage des fêtes. Cependant, dans ma tête, cela sonne quand même comme une fin. Depuis avril, je travaille 7 jours sur 7 et je me consacre uniquement à mes fleurs. Alors qu’il pleut sans cesse depuis ce matin, je me suis dit que j’allais rédiger un petit bilan de cette période intense.

zinnia fleurs locales magog

Dans l’article de clôture de la saison 2019, j’avais écrit : « J’ai vécu tant d’expériences et tant d’émotions qu’on dirait que plusieurs années se sont déroulées en une. » Wow, je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait dans cette deuxième saison! J’imagine que c’est la beauté du métier d’entrepreneure. Chaque année est riche en rebondissements et ça permet de ne jamais s’ennuyer.  Je me souviens dans mon ancienne vie lorsque j’étais rédactrice et que je finissais mes journées en ressentant une profonde mélancolie comme si les heures qui venaient de s’écouler n’avaient servi à rien. Et puis, je regardais constamment le cadran. Les heures avançaient si lentement! Maintenant, les jours sont toujours trop courts pour tout ce que je dois faire.

Une fleuriste qui fait pousser ses fleurs


Je mentirais si je disais que j’aime tout ce que je fais. Il y a des moments plus pénibles que d’autres : quand je fais ma comptabilité et que je suis perdue dans mes taxes ou quand je dois faire des kilomètres de routes de campagne mal entretenues sous la pluie pour aller livrer un bouquet. Mais au moins, je sais pourquoi je fais tout ça. Je me sens libre et en contrôle. Et je rends les gens un peu plus heureux avec mes fleurs.

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Cette année, j’ai reçu beaucoup de courriels de gens qui aimeraient devenir fermiers-fleuristes. Je trouve ça beau que ce métier se fait de plus en plus connaître, il est si merveilleux! Mais il ne faut pas non plus l’idéaliser. Il faut que ça soit une passion dévorante, parce que c’est dur. Pour le corps bien sûr, mais aussi pour le mental. On a tellement de responsabilités! Ce n’est pas tout le monde qui peut être fermière ET fleuriste. Parfois, il faut choisir aussi, et c’est correct comme ça. Cette année, j’ai bien compris que j’étais avant tout une fleuriste qui fait pousser ses fleurs. Je ne suis pas une fermière qui fait des bouquets.

Moins de mariages, plus de bouquets

La pandémie a été certainement difficile à vivre pour mon entreprise. Dans les premières semaines, quand les mariages ont été annulés, j’ai paniqué. J’aurais pu tout arrêter là. Abandonner pour cette année. Attendre que ça soit plus facile. Mais j’ai décidé de me lancer quand même. Mes semis étaient bien avancés. Alors au lieu de cultiver des fleurs dans le vide et de jeter mes fleurs, j’ai trouvé d’autres manières de les vendre.

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Cependant, malgré tous ces défis, j’étais heureuse, car je pouvais jouer avec les fleurs. C’est donc plus de 600 bouquets de taille variée qui sont sortis de l’atelier depuis le mois de mai, en plus de créations pour 5 beaux mariages!  

Les grands bonheurs de la saison :  

  • La fête des Mères pendant le grand confinement. C’était si beau de voir le visage de toutes ces mamans s’illuminer en voyant les tulipes après des semaines d’isolement.
  • Livrer des bouquets à des gens qui ne s’y attendent pas. Pour la deuxième année de suite, je mets ces points dans mes plus de la saison, car c’est un bonheur incroyable d’être témoin de la surprise heureuse de ceux qui reçoivent des fleurs.
  • L’eucalyptus. Vous avez été nombreux à vous enthousiasmer sur mon eucalyptus. Cela faisait des mois que je le voyais grandir et je n’en revenais pas à quel point il était beau! C’est ma plus grande fierté de la saison. Ça me conforte qu’il faut continuer à faire pousser plein de belles choses au Québec, même si les gens n’y croient pas.
  • Les mariages intimes. Merci à ces mariés qui m’ont fait confiance cette année. Il n’y en a pas eu beaucoup, mais ceux qui ont eu lieu ont été bien spéciaux. L’amour est plus fort que tout!
  • Les découvertes florales de la saison : les pois de senteur, les œillets, les zinnias géants, les immortelles, les tournesols de différentes couleurs, les delphiniums… Il y en a tant! Et j’en ai encore tant à essayer de cultiver.
  • Le bond gigantesque que mon entreprise a fait sur les médias sociaux. 1000 abonnées sur Instagram et plus de 500 sur Facebook! Je suis vraiment chanceuse d’avoir votre soutien.

Les petites déceptions de la saison :

  • L’anxiété lorsqu’on ne savait pas si les rassemblements allaient finir par être permis.
  • Les mariages qui s’annulaient les uns après les autres et la gestion des dépôts des clients. Mais ça m’a permis de formaliser mieux mes clauses de contrat lorsqu’on me réserve pour un mariage.
  • La canicule printanière. Personnellement, j’adore les grandes chaleurs. Cependant, en mai et juin c’est trop tôt! J’ai perdu beaucoup de fleurs printanières : muguet, myosotis, fleurs de pommetier, spirée, digitales… Toutes ces fleurs s’ouvraient d’un coup et mouraient très rapidement une fois cueillies. Tellement décevant!
  • Les premiers gels trop hâtifs début octobre et lorsque j’ai dû étendre une couverture isolante sur mes fleurs à la lampe torche à 21h et que le vent n’arrêtait pas de la soulever pendant que j’essayais de l’attacher. Finalement, ça n’avait servi à rien, car le gel avait été trop fort et toutes les fleurs sont mortes en une nuit.
  • Avoir trop travaillé. Je finis la saison, épuisée mentalement et physiquement. L’année prochaine, je dois décidément apprendre à diminuer la charge de travail pour mieux respirer.  

L’importance de l’achat local au Québec

La COVID-19 a forcé les gens à se questionner sur l’origine des produits qu’ils achetaient. L’achat local est devenu beaucoup plus tendance. Je me souviens, pendant le grand confinement, les fleuristes se plaignaient dans les médias qu’ils ne pouvaient plus s’approvisionner en fleurs, car les frontières étaient fermées. J’espère que cela leur a fait prendre conscience que ce n’est pas normal de faire venir des fleurs du bout du monde, surtout en mai, lorsque les tulipes sont à leur comble! Au-delà de la pollution engendrée, je trouve ça aberrant qu’on aille chercher ailleurs des produits qui poussent parfaitement ici. De mon côté, cela m’a donné encore plus de motivation à continuer à faire pousser des merveilles au Québec. J’ai vraiment senti ma raison d’être pendant cette pandémie : apporter du réconfort grâce aux fleurs et continuer le combat pour un Québec plus durable et écoresponsable.

Merci à tous pour cette saison 2020!

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