Le métier de fermière-fleuriste – qu’est-ce que c’est? – partie 1

Le métier de fermière-fleuriste est un vrai métier et je n’en ai pas inventé le nom. Quand j’ai eu l’idée de mon entreprise, je ne savais pas vraiment comment m’identifier. C’est après quelques mois à échanger avec des gens sur les médias sociaux (quelle belle communauté inspirante!) et à me documenter à droite et à gauche, que j’ai compris qu’en fait, non seulement je n’étais pas seule dans ma voie, mais qu’en plus, il y avait un nom pour ce que je faisais! J’avais rêvé de mon emploi avant de pouvoir vraiment le définir.

Bref, je suis ce qu’on appelle une fermière-fleuriste. Je me suis rendu compte que peu de personnes savaient ce que ça voulait dire et j’ai voulu vous l’expliquer à travers ma propre démarche. Comme c’est un métier relativement récent et aucunement encadré, tout le monde y suit son parcours et c’est ce qui en fait toute sa force.
Au tout début, il y avait l’amour des fleurs
Le milieu de la fleuristerie m’a toujours attirée et en même temps, déçue. Très jeune, je déclarais toujours que je voulais devenir fleuriste et écrivain. Mais en grandissant, chaque fois que je rentrais dans une boutique de fleurs, je faisais bien souvent face à de la déception. Je ne ressentais pas autant d’émotions que je l’aurais voulu. Par contre, lorsque je jouais dans les jardins de mes grands-parents paternels à Paris et maternels sur la Côte d’Azur, là, je ressentais quelque chose de magique et d’inégalé. La même sensation qui m’a incitée à pousser mes parents à visiter le jardin de Monet à 8 ans à peine. Je trouvais ça tellement beau les fleurs. Leur odeur. Leur couleur. Leur délicatesse. Pourtant, je ne retrouvais pas cette puissance chez la plupart des fleuristes (il y a eu quelques exceptions, surtout, à Paris). Je ne comprenais pas pourquoi.

Du marketing aux fleurs
Pendant des années, j’ai laissé de côté cet intérêt pour les fleurs. C’est au début de la trentaine que tout m’est revenu. J’étais alors rédactrice marketing depuis un bon 5 ans.
J’étais un peu perdue dans ma vie professionnelle. Il me manquait de créativité. De travailler avec les mains. De m’exprimer.
Sur un coup de tête, j’ai décidé de m’inscrire à un atelier de création de bouquets au Jardin Botanique de Montréal. Et là, ça a été la révélation. La professeure était spécialisée en fleuristerie ET horticulture. Pour le cours, elle avait apporté des fleurs de son propre jardin. Nous étions en juin. Il y avait donc des pivoines, de la spirée, des petites fleurs blanches sauvages et du feuillage naturel. Le bonheur. Elle nous a expliqué toutes les bases. Je ne connaissais aucun des noms de végétaux et fleurs qu’elle nommait, mais je buvais ces mots. En confectionnant mon bouquet ce jour-là, j’étais si heureuse. Ça sentait bon. C’était léger, pur et émouvant. Ok alors, j’aime vraiment les fleurs…

L’importance des fleurs locales
Puis, quelques semaines plus tard, au gré de mes recherches sur Internet, je suis tombée sur la fameuse Floret Farm. Erin Benzakein est une des pionnières des fermières-fleuristes d’Amérique du Nord. Du moins, c’est elle qui a fait connaître le domaine et qui l’a rendu sexy et attirant. Grâce à elle, j’ai compris que beaucoup des fleurs qu’on voit chez les fleuristes sont artificielles et fades.
Ce qui fait la magie des jardins des grands-parents peuvent se retrouver dans les bouquets, mais le désir de toujours faire plus de profits a voulu que les fleurs trop fragiles et trop inégales doivent être abandonnées pour des fleurs complètement inventées par l’humain.
Les fleuristes n’ont pas vraiment le choix de s’y conformer, car ils commandent auprès de grossistes qui décident d’acheter là ou c’est moins cher. Qui dit moins cher, dit conditions chimiques. Bref, pour en savoir plus sur cet aspect, j’ai écrit un article sur le sujet ici. De plus en plus, les fleuristes peuvent acheter auprès de fermes d’ici, mais ils doivent les trouver d’eux-mêmes et accepter de sortir du cycle d’achat habituel. Prune les fleurs, Bloma Atelier végétal ou Fleuriste Astilbe, parmi tant d’autres, le font très bien pendant la saison estivale.

La magie des saisons au Québec
Au même moment, j’ai aussi lu le magnifique livre L’atelier des bouquets de Carmel dans lequel cette designer florale de Montréal proclame qu’on doit respecter les saisons et utiliser uniquement les fleurs qui poussent localement. Elle fait le choix de ne pas travailler l’hiver, car il n’y a pas de fleurs au Québec. Or, ces lectures sont arrivées au moment où je déménageais à la campagne et que je prenais possession d’un très grand jardin.
Tout au long de cette année-là, j’ai observé la nature et j’ai vraiment constaté que oui, chaque semaine avait sa propre fleur en vedette et que de mai à octobre, le Québec se recouvre de beautés.
Pourtant, on continue à acheter des fleurs à l’autre bout du monde… Je voulais aider à changer cette conception. Tout d’un coup, je trouvais enfin un sens à mon cheminement.

Fleuriste ou productrice de fleurs?
J’hésitais encore entre la fleuristerie et la production de fleurs/horticulture. Je ne pensais pas qu’on pouvait faire les deux! J’adore prendre soin des fleurs, mais je ne me voyais pas aux commandes d’une immense terre, de cueillir des centaines de fleurs chaque jour et de construire des serres technologiques. Je voyais une production à plus petite échelle. Quand on devient fermière de fleurs, on vend souvent aux grossistes ou aux fleuristes des fleurs à l’unité, et il faut en cultiver beaucoup pour rester rentable (et être intéressant pour les acheteurs).
De mon côté, je parle parfois de grand jardin ou de micro ferme. Je ne me voyais pas non plus uniquement fleuriste et devoir travailler avec des fleurs des grossistes sans magie.
Je ne supportais pas l’idée d’être dépendante des autres. Je préférais faire confiance à la nature, même si la météo peut souvent faire des ravages! Et puis, j’aime tellement faire pousser mes fleurs. Je voulais lier les deux passions : la terre et la création.

Finalement, j’ai eu d’autres influences comme La musa de la flores, Jayflora Design, Moss et Stones et j’ai compris que c’était possible tout ça. On pouvait devenir fermière ET fleuriste, en plus de se spécialiser en design floral pour les événements. D’ailleurs, pour cette partie-là, j’ai beaucoup été marquée par Par Anaïs, une designer florale incroyable à Montréal qui s’inspire de la nature pour créer des arrangements fabuleux. J’ai suivi sa classe de maître et j’ai été convaincue que mon modèle pouvait fonctionner.
Il fallait travailler un peu plus pour se faire connaître au début, mais on gagnait de l’indépendance financière par rapport à l’entretien d’une boutique en ville. Et ma créativité allait plus s’épanouir dans les événements et les mariages. Ça me permettait de faire pousser des fleurs plus rares. De me concentrer sur des fleurs pour ma créativité et non pas pour le marché. J’utilise aussi des fleurs sauvages. Le but est de recréer la magie de la nature.
Vous désirez un mariage écoresponsable, romantique, champêtre, mais magique? Je me spécialise en design floral pour des événements colorés, naturels et uniques. Contactez-moi dès aujourd’hui!