Le métier de fermière-fleuriste – qu’est-ce que c’est? – Partie 2

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Cette semaine, j’ai constaté que mon article Le métier de fermière-fleuriste – qu’est-ce que c’est? publié en juillet 2019 battait encore tous les records de visibilité sur mon site web. Je suis allée le relire et bien que tout ce qui s’y trouve est encore très pertinent, il reflète surtout la réalité de mes tout débuts. En 2 ans et demi, j’ai tellement évolué. Mon entreprise a considérablement grandi. Et surtout, le monde a changé! Quand j’ai écrit cet article, nous n’avions même pas encore vécu de pandémie! Bref, j’ai eu envie d’écrire une partie 2 pour expliquer ma vision du métier de fermière-fleuriste, aujourd’hui, après 4 saisons d’expérience.

Un métier aux mille variantes

Je pense que le plus beau de ce métier, c’est qu’il a de nombreuses variantes.

Dans les faits, une fermière-fleuriste, c’est tout simplement quelqu’un qui cultive des fleurs et qui les vend sous forme de bouquets directement aux consommateurs.

Ce modèle s’oppose au traditionnel schéma de la ferme florale qui cultive en gros et qui vend des fleurs à la tige à des grossistes qui eux-mêmes vendront à des fleuristes.  

Cependant, à partir de cette définition, le métier change selon la force et les goûts de chacun. Certains sont avant tout fermiers et les bouquets confectionnés sont très simples et réalisés presque à la chaine. D’autres cultivent un petit lopin de terre, mais achètent aussi des fleurs à d’autres pour répondre aux besoins de leurs clients. Certains proposent des abonnements floraux, d’autres vendent uniquement dans des marchés. Certains ont des serres, un tracteur et beaucoup de moyens techniques, d’autres réalisent tout à la main et très sobrement. Il n’y a pas de recette magique! Le métier est difficile et il est préférable de choisir un modèle qu’on aime et qui correspond à nos besoins pour qu’on ait du plaisir! Ce n’est pas parce qu’on cultive des fleurs, qu’on doit aimer confectionner des bouquets. Et à l’inverse, tous les fleuristes n’ont pas la main verte!

De mon côté, mon modèle a fortement évolué depuis le début. À la base, j’ai lancé mon entreprise en me disant que j’étais avant tout fleuriste et que j’allais cultiver quelques fleurs pour le plaisir tout en continuant à en acheter. Mais la pandémie m’a fait migrer vers un rôle de plus en plus de fermière et j’ai terminé ma 4ème saison en étant autonome à 90% en fleurs! Le pourcentage manquant correspond à la fête des Mères, car je n’ai pas encore essayé la technique de forçage des tulipes, et aux pivoines, car les miennes ne sont pas encore toutes matures. Cependant, ma vision reste la même : le design floral est mon vecteur principal. Ma passion, c’est de créer des arrangements élaborés, et de me réinventer constamment. La culture de fleurs est essentielle, mais secondaire. Donc je passe plus temps à créer que la moyenne des autres fermes florales.

La réalité moins glamour du métier

Depuis la rédaction de mon premier article, il y a eu évidemment la pandémie et de ce fait, une envie chez les québécois pour un retour à la terre. J’ai reçu des dizaines et des dizaines de courriels de gens qui voulaient démarrer leur ferme florale. Les fleurs ont la cote! J’en suis très contente, car c’est aberrant qu’on vende encore des fleurs de l’étranger en plein été! Cependant, quand on lit juste les livres de Floret Flower Farm et qu’on admire les belles photos sur les médias sociaux, on ne voit que le bon côté de ce métier. Gérer une ferme florale, c’est avant tout être entrepreneure. Comme tout entrepreneuriat, ce n’est pas fait pour tout le monde, mais en plus, comparé aux autres entreprises, on est tributaire de la météo qui est un énorme défi du Québec.

Dans les quatre dernières années, j’ai trouvé que mon expérience en marketing m’avait grandement sauvé la vie. Je vois que beaucoup se lancent avec beaucoup d’attentes de réussite en se disant qu’ils ont une bonne terre, un peu d’expérience en culture et qu’ils ne craignent pas le côté physique du métier. On a beau cultiver les plus belles fleurs du coin, si on ne sait pas les vendre, cela ne sert à rien. J’ai remarqué que les fermes qui semblaient le plus durables avaient une image forte et un marché précis. En plus du marketing, il faut se débrouiller en comptabilité et rédiger un plan d’affaires. Sans compter, toutes les habilités qu’on doit avoir en champ.

On ne répétera jamais assez qu’il y a une énorme différence entre cultiver des fleurs pour le plaisir et devoir en vivre.

La différence est au niveau des exigences et de l’investissement. Quand c’est notre seule source de revenus, on n’a pas le choix de sortir à 9h du soir pour disposer une couverture sur les plants fragiles s’ils annoncent un gel, de cueillir des fleurs pour un mariage sous une pluie battante, de s’épuiser en temps de canicule, de déterrer les dahlias en octobre, les mains gelées…  On fait beaucoup trop d’investissements pour se dire « On verra bien! ». On a besoin du profit associé à chaque planche de fleurs.

D’avril à début novembre, je travaille 7 jours sur 7 avec de longues journées. Ça n’arrête jamais entre les semis, la préparation des planches, la plantation des premiers plants, les tunnels à installer et désinstaller, la récolte des fleurs chaque jour, la création de centaines de bouquets, les mauvaises herbes, la comptabilité, la vente … Quand je me suis lancée dans l’aventure de la fleuristerie, j’ai commencé par commander des fleurs dans le circuit habituel, mais je n’aimais pas ce que je recevais. Alors je me suis dit que j’allais cultiver les miennes. J’avais l’impression que j’allais pouvoir créer plus de magie.

Mais c’est du travail ardu. Commander des fleurs, c’est plus facile que les cultiver!

Je suis fière de chaque fleur que je mets dans les bouquets, centres de table ou arches de mariage. Je les connais par cœur. On est en symbiose. Je les sens vibrer au moment de la création.

Les bons côtés au quotidien

Même s’il y a des jours plus pénibles que d’autres et beaucoup de moments de découragement et d’incertitude, je ne changerai pas de métier. J’aurai du mal à retourner à la vie normale. Il faut l’avouer que c’est un quotidien un peu marginal. On ne suit pas le même rythme que les autres. On ne travaille pas de 9h à 17h. On ne prend pas de vacances en plein été. On est heureux quand il pleut. On travaille dehors à longueur de journée.

Voici une petite liste (très personnelle) des avantages d’être fermière-fleuriste :

  • Je suis ma propre boss – ce qui est le cas pour tous les entrepreneurs
  • Je gère mon temps (sauf quand il y a des aléas de la météo)
  • Je suis chez moi dès que j’ai fini de travailler puisque j’ai la chance de cultiver mes fleurs en arrière de ma maison
  • Je ne m’ennuie jamais – ce qui finissait toujours par arriver dans tous les autres emplois que j’ai fait avant en communication – car je ne suis pas juste fermière, mais aussi fleuriste
  • Je ne m’ennuie jamais prise 2 – car chaque année, je me rajoute des défis, de nouvelles fleurs, une serre, des nouvelles parcelles…
  • Je ne m’ennuie jamais prise 3 – car chaque saison amène ses fleurs et ses feuillages différents et donc, toutes les 2 semaines environ, mon matériel pour créer les bouquets change automatiquement
  • J’ai réussi à allier mon besoin d’avoir un travail qui me fait bouger, mais qui demande aussi beaucoup de créativité
  • Je continue à devoir utiliser mon expertise en marketing
  • Je suis tout le temps avec mon chien
  • Je cultive sur une petite surface, donc je peux tout faire manuellement sans gros investissement en équipement
  • Je peux me reposer pendant la période hivernale (et voyager un jour, si la pandémie nous laisse un peu de répit!)
  • Je suis entourée de beautés constamment.

Je commence ma 5e saison, et jamais, je ne me lasse de la beauté de mes fleurs. Je les aime plus chaque jour. En 2021, j’ai récolté des centaines de zinnias chaque semaine et chaque fois, j’avais envie de pleurer tellement je trouvais leurs couleurs, extraordinaires. Et que dire de l’odeur si pure des pois de senteur, de la lavande, des pivoines… J’ai le cœur qui fond chaque fois que je les sens.

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Situé à Magog, dans les Cantons-de-l’Est, Alex à la campagne est un atelier floral spécialisé en créations pour les mariages et événements. Fleuriste non conventionnelle, Alex à la campagne travaille uniquement avec des fleurs locales et écoresponsables. L’été, elle cultive ses propres fleurs en suivant les principes de permaculture. L’hiver, le choix est porté vers des matériaux de saison ou des fleurs séchées. La signature visuelle des bouquets est toujours inspirée par le mouvement de la nature et la beauté des saisons du Québec. À la tête de l’atelier et de la ferme florale, il y a Alexandra Truchot, grande amoureuse des fleurs.

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