Pourquoi j’ai décidé de vivre à la campagne

En 2017, j’ai pris une des décisions les plus marquantes de ma vie personnelle et professionnelle: j’ai décidé de quitter la ville pour m’installer à la campagne des Cantons-de-l’Est, au milieu des champs et des boisés. Depuis, c’est comme si j’avais enfin trouvé ma juste place. Pourtant, je n’ai pas toujours été destinée à devenir Alex à la campagne.
Je suis née et j’ai grandi à Montréal. Le vrai Montréal. Pas en banlieue. Pas à Longueuil ou Pointe-aux-Trembles. J’habitais en plein centre, à quelques pas du Mile-End avant qu’il ne devienne si fameux.

Enfant, j’ai vécu dans des maisons de ville avec petite terrasse de béton direct dans les yeux des voisins. Adulte, j’ai alterné entre colocation fêtarde sans intimité et logement sombre sans balcon, mais si bien situé. Dès l’âge de 11 ans, je me rendais seule en métro à l’école. Mes loisirs avec mes amies étaient composés de sorties au Centre Eaton ou au cinéma Paramount; puis, à des tournées de bars sur l’avenue Mont-Royal ou la rue St-Laurent. Quand on voulait respirer un peu, on faisait notre marche annuelle sur le Mont-Royal et on avait l’impression de toucher à la véritable nature.
Changer de vie
Pendant ma vingtaine, comme beaucoup de monde, j’étais persuadée que pour réussir et exister, il fallait embrasser l’authentique vie urbaine dans toute sa magie exaltante. Ce n’était qu’en ville, qu’on pouvait trouver un emploi intéressant, faire évoluer sa carrière et profiter des joies humaines. Partir en région, c’était se contraindre à rabaisser ses ambitions, taire ses rêves professionnels et stagner intellectuellement.

Cependant, lorsque je partais en vacances, je m’empressais toujours de disparaître dans la nature. Mes retours en ville étaient de plus en plus pénibles. J’avais toujours envie de repartir. Je finissais par déambuler dans le Jardin botanique chaque semaine en m’enthousiasmant devant chaque plante. Je dansais de joie chaque fois qu’on croisait un arbre. Mon balcon craquait sous le poids du potager et des plantes de plus en plus nombreuses.
Je mentirais si je disais que la décision de déménager à la campagne a été très réfléchie. Cela a été plutôt une réaction spontanée pendant un souper d’amoureux. Dans une petite cabane dans les bois du Vermont pour fêter l’anniversaire de notre couple, nous nous sommes avoué nos rêves. Et nous nous sommes rendu compte que c’était possible de vivre entouré de vert plutôt que de béton. Il fallait juste y croire.
Vivre autrement
Dans les Cantons-de-l’Est, tout est magnifique. Tout est ressourçant. Tout est apaisant. Le moindre coucher de soleil prend une teinte éclatante sur le lac Memphrémagog. L’hiver, les sapins des montagnes font rêver avec leur couverture blanche. J’ai presque commencé à aimer l’hiver. Les jours de pluie donnent une touche mélancolique aux couleurs d’automne. Et puis, l’été, les chevreuils courent dans des étendues vertes parsemées de fleurs jaunes.
Ici, on peut parler en clichés parce qu’on vit constamment dans une carte postale.

Il faut juste apprendre à vivre autrement. Il est certain que le rythme change. Le soir, on ne voit plus grand monde dans les rues parce que les gens se dépêchent d’aller respirer. Profiter. Vivre pleinement.
On est moins frustré. C’est sûr que ça aide quand on n’a pas à passer au minimum 30 minutes aller-retour par jour à suffoquer dans le métro ou à pester dans un autobus qui n’avance pas à cause du trafic. À la campagne, tout est un peu plus tranquille.
Vivre équilibré
À la campagne, j’ai trouvé mon équilibre et un peu plus de sens à mon quotidien. En ville, j’évoluais dans un tourbillon constant entre le travail, les activités sociales et les transports en commun, et je n’avais jamais le temps de réfléchir et de comprendre ma place. Dans les champs, j’ai pu commencer à vivre réellement. Et surtout, j’ai pu enfin me lancer à fond dans ma passion : cultiver toujours plus de fleurs aux mille couleurs.
Situé à Magog, dans les Cantons-de-l’Est, Alex à la campagne est un atelier floral spécialisé en créations pour les mariages et événements. Fleuriste non conventionnelle, Alex à la campagne travaille uniquement avec des fleurs locales et écoresponsables. L’été, elle cultive ses propres fleurs en suivant les principes de permaculture. L’hiver, le choix est porté vers des matériaux de saison ou des fleurs séchées. La signature visuelle des bouquets est toujours inspirée par le mouvement de la nature et la beauté des saisons du Québec. À la tête de l’atelier et de la ferme florale, il y a Alexandra Truchot, grande amoureuse des fleurs.