Les engagements écoresponsables de mon atelier floral

Depuis cet été, on a beaucoup parlé dans les médias de la lutte pour le réchauffement climatique et de la crise environnementale, en particulier avec la venue de Greta Thunberg au Canada. J’ai vu beaucoup d’entreprises que je respecte beaucoup afficher leurs valeurs pour l’occasion sur les médias sociaux. De mon côté, je n’ai rien publié cette semaine-là. D’abord, parce que j’étais ultra occupée avec le pic de la saison des fleurs, mais aussi parce que je ne savais pas trop comment aborder le sujet. L’urgence climatique est tellement flagrante pour moi que je n’avais pas envie d’écrire quelque chose dans un brouhaha social et qu’après, on passe tout à autre chose. Alex à la campagne, c’est 365 jours d’actions pour mieux respecter l’environnement. Ce n’est pas une lutte, c’est juste une évidence. Maintenant que j’ai un peu plus de temps pour écrire, j’ai voulu vous expliquer un peu plus mes valeurs et ce que ça implique de travailler avec moi pour un mariage ou de me commander des fleurs.

Respecter la beauté de la nature
Quand j’ai décidé de fonder Alex à la campagne, il allait de soi que mon entreprise allait prôner des valeurs écoresponsables. Ce n’était pas un choix pour moi, c’était juste naturel. Depuis aussi longtemps que je m’en souvienne, j’ai toujours été engagée pour un meilleur respect de la nature. À l’école, je faisais des exposés oraux anti OGM, et mon idole était José Bové, un agriculteur très engagé politiquement. Maintenant que j’habite à la campagne, l’importance de protéger la nature est encore plus certaine pour moi. Je suis émerveillée par la beauté qui m’entoure et je ne comprends pas qu’on veuille la salir. Je vois mes poules courir sur l’herbe pour me rejoindre et je ne comprends pas qu’on veuille les enfermer dans des petites boites sans lumière pour vendre leurs œufs à des prix dérisoires. Chaque jour, je suis témoin de la force de ce qui nous entoure.

L’anxiété de ne pas en faire assez
Cependant, ce qui m’énerve encore plus dans tout ça, c’est qu’on mette la faute sur les consommateurs. C’est difficile de résister à la tentation d’acheter un produit tellement moins cher que celui juste à côté, lorsqu’on doit respecter un budget serré. C’est difficile aussi de ne manger que local, lorsque l’épicerie la plus proche de soi ne vend que des légumes du Mexique (même en été!). On peut s’indigner contre ces gens faibles qui succombent aux fraises en hiver, mais je suis la première à aimer manger une banane ou un avocat. En plus de ça, il faudrait que je me sente coupable de partir en voyage en avion pour aller goûter ces aliments merveilleux sur place (eh oui, un avocat consommé en Amérique latine n’a rien à voir avec nos pauvres petits avocats durs d’ici). Surtout que je trouve qu’au contraire, voyager pour aller rencontrer d’autres sociétés fait avancer l’humanité.

Bref, il y a de quoi développer un trouble de l’anxiété face à toute cette culpabilité qu’on essaye de nous faire ressentir, alors que rien n’est fait à plus grande échelle pour nous accompagner dans la transition de mieux consommer. Je pense que le combat pour un monde plus écoresponsable ne se réglera pas en quelques jours, car il faudrait changer tout un système économique en place. Les petites actions au quotidien sont importantes, mais elles ne sont pas innées pour tout le monde. Et quand ce n’est pas inné, ça nécessite un gros travail sur soi-même. Alors il ne faut pas se sentir coupable quand on n’y arrive pas à 100% tous les jours.
Et les fleurs dans tout ça?
C’est drôle de se dire que la consommation de fleurs a donné naissance à une industrie polluée et dénaturée. On se dit qu’une fleur, c’est tellement pur et la définition même de la beauté de la nature. Mais non. Quand certains ont vu qu’il y avait de l’argent à faire là, ils en ont profité pour tout casser. Et maintenant, c’est dur de retourner en arrière.

Ce n’est pas toujours facile de gagner sa vie avec des valeurs écoresponsables dans un système aussi réglé. Les gens ont complètement perdu de vue ce que les fleurs sont censées être. En décembre, pour Noël, on leur suggère de se procurer du feuillage teint, car ça brille. En février, ils se font proposer des roses sublimes, mais qui ont voyagé des milliers de kilomètres pour parvenir ici. Dès le mois de mars, on leur conseille déjà d’acheter des tulipes et des jonquilles alors qu’au Québec, il y a encore de la neige partout. Et puis, en plein été, les fleurs qui viennent d’ailleurs sont tellement moins chères que celles d’ici. Difficile de comprendre. Pourtant, dans toute cette histoire, il n’y a pas que l’écologie qui est en compte, mais aussi le respect des humains. Dans ces serres gigantesques en Afrique ou en Amérique latine, les conditions pour les employés sont très mauvaises.
Des fleurs locales et écoresponsables même en hiver
De mon côté, j’ai choisi de ne pas dire adieu aux fleurs complètement hors-saison. Je travaille avec des fleurs du Canada. Parce que les serres que je connais sont chauffées en géothermie et qu’elles n’utilisent pas de produits toxiques. En plus, les normes de travail sont celles du Canada.

Par contre, ça sous-entend que je travaille avec des variétés vraiment moins diversifiées. Ces serres ne cultivent qu’une poignée de fleurs – celles qui ne nécessitent justement pas trop d’intrants artificiels pour être rentables. En tant que designer floral, c’est dur sur le moral. En tant qu’engagée pour une meilleure industrie florale, c’est primordial.

Dès le mois de mai, je passe à mes fleurs. Et ça fait tellement du bien de sortir de cette dépendance à cette industrie qui ne respecte plus rien. Je sens enfin que je fais une différence et que je fais avancer les choses, un bouquet à la fois. C’est la beauté d’être entrepreneure de pouvoir inclure ses convictions dans ces décisions d’affaires!
Cependant, mes valeurs écoresponsables s’expriment bien plus que dans le choix de cultiver mes propres fleurs. Voici quelques autres actions que j’ai mises en place :
- L’emballage de mes bouquets est compostable à 100%.
- Je composte toutes les fleurs que je n’ai pas vendues. J’utilise ensuite ce compost pour nourrir la terre.
- Je n’utilise pas d’étiquettes. J’ai une étampe pour mettre mon sceau directement sur l’emballage.
- J’utilise de la jute compostable pour attacher mes bouquets.
- Toutes mes arches et installations sont solidifiées par de la broche à poule réutilisable et mes fleurs sont hydratées dans des petits contenants que je réutilise également.
- Les rubans sur les bouquets de la mariée sont faits à la main par une superbe entreprise montréalaise Maison Noté.
- Je m’associe avec des entreprises qui partagent les mêmes valeurs que moi.
- Je n’utilise aucun produit chimique pour cultiver ou protéger mes fleurs.
- Je nourris le sol au lieu de nourrir la plante.
- Et tant d’autres choses que j’oublie sûrement!
C’est possible d’organiser un mariage plus écoresponsable. Contactez-moi et je vous conseillerai dans vos choix.